Saturday, March 29, 2008

SHS : des disciplines en voie de disparition

Transferts du CNRS vers les Universités et de nouveaux Instituts

Le CNRS pourrait "transférer" certaines disciplines de Sciences
Humaines et Sociales (SHS) à "d'autres entités, notamment l'université", à
l'occasion de sa réorganisation en instituts thématiques, indique le
CNRS à L'AEF jeudi 27 mars 2008. Catherine Bréchignac, présidente du
CNRS, l'a notamment fait savoir aux organisations syndicales de
l'organisme lors de rencontres bilatérales et avait également évoqué
cette possibilité sur la radio BFM. Valérie Pécresse, ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Recherche, avait demandé à Catherine Bréchignac, dans sa "feuille de route" envoyée début mars, de réfléchir
à "une structuration en grands instituts nationaux de recherche, dans
l'esprit de l'Insu et de l'IN2P3".

Au CNRS, on confirme donc qu'il s'agit d'une "piste sur laquelle on
travaille", en précisant que "le périmètre de cet institut SHS n'est
encore connu, la concertation avec les directeurs d'unités n'étant pas
achevée". Néanmoins les disciplines telles que l'archéologie ou encore
l'anthropologie devraient rester dans le giron du nouvel institut,
contrairement à la philosophie, par exemple.


Deux nouveaux instituts


Plus clairement, Catherine Bréchignac, présidente du CNRS, a dit hier
à l'intersyndicale qu'elle ne se battrait pas (contre le ministère) pour conserver les SHS au sein du CNRS. La situation semble être la suivante: le gros de la section 31 (les préhistoriens, pour faire bref)
rejoindraient (malgré eux!) le nouvel institut du développement durable,
tandis que le nouvel institut des Sciences Humaines et Sociales (SHS) regrouperait les instituts
français à l'étrangers, l'archéologie (avec une redéfinition du périmètre par rapport à l'INRAP), et les très rares labos SHS qui ont du gros équipement ; tout le reste partirait dans les universités - je laisse à chacun le soin de faire la très longue liste des disciplines et
labos dont il s'agit ! Sachant que dans la première version de la LRU
(sur laquelle Pécresse avait temporairement reculé) il était dit que "le
personnel enseignant des universités comprend les chercheurs", sachant
que la LRU a établi la libre modulation des services par le CA, sachant
que le rapport Attali a clairement dit qu'il fallait supprimer le statut
de chercheur, et sachant enfin que le plan licence créée un volume
d'enseignements supplémentaires sans création de postes, il n'est pas
difficile de voir ce qu'il adviendra des chercheurs CNRS reversés dans
les universités: on leur collera des heures de cours, dans le seul
objectif de faire des économies budgétaires (particulièrement visées
s'agissant de disciplines fondamentales, non professionnalisantes, donc largement inutiles aux yeux du ministère).

Peu ou pas de perspectives de recrutements

Sachant que les SHS, ce sont au CNRS 3600 personnes, autant vaut de dire que nos disciplines ne recruteront plus pour au minimum la décennie à venir, tous les besoins
d'enseignement étant largement couverts; autant vaut de dire qu'il ne
fait pas bon être doctorant SHS aujourd'hui, et qu'il n'y en aura plus
demain, faute de toute perspective de carrière: or une discipline qui ne
se renouvelle pas dans son personnel, est une discipline qui meurt.
Quant aux ITA, mystère et boule de gomme quant au sort qui leur est destiné !

Message d'origine : Julien Demade, coordparis1

No comments: